Cie Les chants de la demi-lune
O Nuit magicienne.

Vers ce château de flamme brune,
Tapissé de branchages fauves
Nous avions marché sous la lune,
D'un bon rire, nous étions envahis
Et sous les branches d'émeraude
D'un coup tous les mots se sont tus
Mes mains ont touché ses seins rauques
Son coeur m'a saisi
dans le temps suspendu
O Magie magicienne
Que chantent deux voix dans la nuit
Plus tranchant que le chant des sirènes
Dans ton souffle j'ai grandi
J'ai bu, à l'arche de ses lèvres,
Un peu de terre et de silence
Avec la fraîcheur de l'enfance,
Nos bouches se poussaient d'impatience
Et son petit pied d'argile blanche
Sous mes doigts s'est blotti comme une mésange
Dans la nuit j'ai défait le corsage
Son corps éclairait
notre lit de branchages
O Magie magicienne
que chantent deux voix dans la nuit
D'un secret chaque femme est la reine
Le château d'une flamme endormie
Puis les cloches sonnent, enfin
Je m'approche de la belle et folle tourbe
Mes mains n'en peuvent plus de faire des courbes
Des ronds, dans la rivière chaleureuse
Alors, je la mords elle me dit "viens
Arrive, jusqu'au fond de ma nuit
Arrive, dans la clarté de mon puits
Viens, accoster
bienheureuse, l'autre rive."
O Magie, magie de la terre
J'ai cogné au fond de ton puits
De sang, de sève et de mystère
J'ai touché le ventre de vie
O Magie magicienne
Nous t'avons chanté dans la nuit
Si parfois ta voix se fait lointaine
Dans ton souffle j'avais grandi
août deux mil quinze.