Cie Les chants de la demi-lune
Le chant de l'île.

Tu regardes au loin,
tu passes la tête du côté de l'île,
tu n'as plus à bouger d'un cil,
le vent te caresse la main,
tu es bien
Regarde,
savoure le voyage immobile,
la douche de cet instant subtil,
c'est un matin qui te prend bien,
dans sa main
A la crinière d'un songe vide tes doigts s'étaient accrochés
Le temps d'une nuit aride tu te maintenais perchée
à la flamme du jeu liquide
Tu cherchais
le chemin
de l'aube
Juliette,
écoute le ruisseau qui parle dans ta tête,
oui la guerre est venue ici il faut
sortir de leurs draps tous nos rêves,
il faudra
Juliette,
il faudra se tenir debout et chauds,
on ne peut plus écouter les panneaux
qui nous promettent une mort quiète,
et discrète
Toi tu te penches du côté de la fenêtre où des humains respirent encore
Qu'on fasse l'ange ou bien la bête
si la vérité nous dévore,
nous suivrons
le chemin
de l'aube
O louve,
je sens dans les eaux nacrées de tes douves,
un amour caché qui s'écoule là,
un secret qui tout bas me secoue
malgré toi
Et tu danseras,
libérant le cadeau de ta naissance,
offrant ta flamme aux cornes d'abondance,
offrant ta foi et malgré tout,
tout bas
Le cavalier viendra la gorge rouge et les doigts serrés,
il ne comprendra pas toi tu ne demand' qu'à aimer,
de ta main vous partagerez
cette boisson qui bouge,
vous goûterez
la potion
de l'aube
Du côté de l'île,
tu laisses le ciel venir te toucher,
la licorne est sur le point d'accoucher,
et tous les deux vous serez mille,
ou dix mille
Juliette,
nous la jouerons cette très vielle fête
les mots qu'on dit sont des comme des amulettes,
qu'on frotte pour réveiller l'île,
au coeur du livre…
au coeur de l'aube.
janvier deux mil seize.